Comment les bons mécanismes d'adaptation peuvent sauver les victimes de traumatismes du SSPT

Comment les bons mécanismes d’adaptation peuvent sauver les victimes de traumatismes du SSPT

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Ceux qui ont vécu les horreurs de la guerre voient leur vie clairement délimitée entre un « avant » et un « après ». Cette épreuve singulière ne signifie pas, comme on le croit souvent, qu’il est impossible de vivre, mais oblige généralement les gens à vivre d’une manière très différente. La perturbation du processus de vie qui en résulte provoque des bouleversements auxquels chacun fait face en puisant dans sa capacité d’adaptation. Mais tout le monde ne réagit pas de la même manière.

Pour décrire les mécanismes à l’œuvre, les psychologues de la santé ont forgé le concept de « coping », étroitement lié à celui d’adaptation. Cependant, son résultat varie selon qu’il vise à influer sur la situation par l’action ou à gérer les états émotionnels associés qui en découlent.

Formes et styles de coping

Dans une étude de 1986, des scientifiques ont demandé à 100 adultes chaque mois pendant un an d’enregistrer un événement récent qui les avait bouleversés et leurs réactions en répondant à un questionnaire, la liste de vérification des façons de faire face. Les résultats ont révélé qu’il existe deux formes principales de coping : centré sur les problèmes et centré sur les émotions.

L’adaptation centrée sur les problèmes fait référence à l’ensemble des étapes comportementales et cognitives qu’un individu entreprend dans le but d’avoir un impact sur la situation dans laquelle il se trouve. Cette forme comporte deux aspects essentiels : la confrontation à l’événement, qui se traduit par des efforts pour changer la situation, et la résolution du problème, qui se traduit par la recherche d’un ensemble de moyens – information, aide – pour y parvenir. La personne s’attaque alors au problème directement et ouvertement.

L’adaptation centrée sur les émotions fait référence à l’ensemble des efforts pour atténuer et faire face aux états émotionnels déclenchés par la situation stressante. Il existe de nombreuses expressions de cette forme de coping, dont la plupart consistent en des processus intrapsychiques orientés vers l’action : évitement (ne plus penser au problème), distraction, déni, dramatisation, etc.

Le coping centré sur les problèmes et le coping centré sur les émotions ne sont pas deux processus parfaitement distincts : dans une situation donnée, on peut utiliser soit l’un soit l’autre, soit les deux ensemble. De plus, ces deux principales formes de coping correspondent aux stratégies généralement utilisées, mais il en existe aussi qui sont plus spécifiques et qui varient d’un individu et d’une situation à l’autre.

Certains auteurs ont proposé de classer le coping actif et/ou évitant selon les stratégies utilisées pour faire face. Ce faisant, nous pouvons distinguer quatre catégories de base :

  • Le coping actif/cognitif, qui consiste en une analyse logique et un recadrage positif ;

  • Le coping actif/comportemental, qui consiste à rechercher du soutien et à agir pour résoudre le problème ;

  • Adaptation évitante/cognitive, entraînant un évitement cognitif et une acceptation résignée ;

  • Le coping évitant/comportemental, qui correspond à la recherche d’autres activités et à la libération émotionnelle.

Coping émotionnel fortement lié au trouble de stress post-traumatique

Plusieurs études ont montré que les adultes souffrant de trouble de stress post-traumatique (SSPT) sont significativement plus susceptibles que les autres de s’engager dans l’évitement ou la fuite, et donc de ne pas résoudre de problèmes. En 2007, une méta-analyse a également révélé que l’évitement était un prédicteur du risque de développer un SSPT, une dépression et une détresse. Le SSPT est la forme la plus courante de psychotraumatisme. Elle se caractérise notamment par la présence de symptômes intrusifs, tels que des souvenirs persistants qui submergent la conscience de la victime, qui les vit comme de nouveaux événements se déroulant dans le présent, des comportements d’évitement et des troubles du sommeil.

Les scientifiques ont repéré des schémas similaires dans les expériences des victimes d’accidents de la route. Les sujets avec une adaptation orientée vers l’évitement ont montré des symptômes plus intrusifs que les autres. Une étude sur les victimes de la fusillade de l’Université Virginia Tech en 2007 à Blacksburg, aux États-Unis, est parvenue à des conclusions similaires, tout comme la recherche sur les victimes du terrorisme.

De même, les symptômes du SSPT étaient plus graves chez les soldats israéliens qui avaient eu recours à des stratégies émotionnelles pendant la guerre israélo-palestinienne. D’autres travaux sur une cohorte de sujets suivis pendant un an ont montré que, parmi les participants ayant vécu les événements les plus stressants durant cette période, ceux qui privilégiaient les stratégies d’évitement souffraient significativement plus de symptômes psychosomatiques en fin d’étude (maux de tête, maux de ventre) que ceux qui ont employé des stratégies actives.

En outre, les universitaires ont noté que les victimes de crimes violents présentant des symptômes de trouble de stress aigu pendant plus d’un mois ont tendance à développer un SSPT. Ces symptômes comprennent la reviviscence répétitive d’événements, l’évitement, les troubles de l’humeur, l’hypervigilance, l’irritabilité, les difficultés de concentration et les troubles du sommeil.

Les résultats obtenus ont montré que le type de coping était un facteur à prendre en compte pour expliquer pourquoi le trouble de stress aigu ne se transforme pas systématiquement en ESPT.

Ainsi, il semble que les victimes de traumatismes qui adoptent une stratégie d’adaptation axée sur l’évitement (ou une stratégie d’adaptation axée sur les problèmes faibles) sont plus susceptibles de développer un ESPT au fil du temps.

À l’inverse, des recherches récentes ont montré que le coping centré sur les problèmes réduit le stress ressenti par l’individu en éliminant (ou en atténuant) le facteur de stress. Les personnes qui utilisent cette stratégie semblent moins susceptibles de souffrir d’anxiété et de dépression.

Les choses ne sont cependant pas si simples, car l’efficacité d’une stratégie de coping dépend aussi des caractéristiques de la situation, dont sa durée, ou de la capacité à contrôler le facteur de stress.

L’importance de l’emprise du sujet sur la situation

Dans des situations contrôlables (ou perçues comme contrôlables), le coping centré sur les problèmes semble être plus efficace que le coping centré sur les émotions, car il est associé à moins de détresse ultérieure. Un tel effet s’inverse dans les situations incontrôlables, où les efforts répétés du sujet pour contrôler la situation sont inutiles et épuisants.

Dans ce cas, une stratégie d’évitement émotionnel peut être plus appropriée, surtout à court terme.

L’efficacité relative des stratégies d’adaptation semble également varier selon le temps qui s’écoule après l’événement stressant ou traumatique. L’adaptation émotionnelle n’est protectrice qu’immédiatement après l’événement.

Adopter la stratégie d’adaptation la plus appropriée

En fin de compte, de nombreuses recherches ont montré que les stratégies d’adaptation peuvent amortir les impacts psychiques de l’exposition traumatique. Cette capacité de résilience et de maintien d’un certain équilibre psychologique et physique suite à la confrontation à des événements traumatisants ou indésirables semble renforcée chez les sujets capables de « jongler » avec tout le registre cognitif et affectif du coping. Les personnes capables d’utiliser différentes stratégies d’adaptation sont mieux à même de s’adapter aux situations mettant leur vie en danger.

La nature des stratégies d’adaptation utilisées peut être un indicateur à prendre en compte afin de mieux comprendre pourquoi le stress ou le SSPT aura un impact plus ou moins important sur différents individus. Cependant, il est important de ne pas en rester là et de trouver ensuite des moyens de faire face à ces conditions cliniques.

Pour faire face au stress, on peut se tourner vers des méthodes de gestion émotionnelle, l’activité physique, la méditation, la cohérence cardiaque, une approche basée sur le contrôle du souffle. Pour le trouble de stress aigu ou SSPT, il faut plutôt se tourner vers la psychothérapie, plus à même d’apporter des réponses efficaces.

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