Les femmes enceintes peuvent contribuer à la surveillance du paludisme en Afrique subsaharienne

Les femmes enceintes peuvent contribuer à la surveillance du paludisme en Afrique subsaharienne

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Les taux d’infection à P. falciparum chez les femmes enceintes assistant à leur première visite de soins prénatals peuvent être utilisés pour estimer le fardeau du paludisme chez les enfants vivant dans la communauté, selon une étude menée par l’Institut de la santé de Barcelone (ISGlobal) et le Centre de recherche en santé. à Manhica (CISM). L’étude, publiée dans Communications naturellesconfirme que les femmes enceintes constituent une population optimale pour suivre l’évolution de la prévalence de l’infection et adapter les mesures de contrôle.

Une surveillance étroite des tendances du paludisme dans une communauté ou une région (c’est-à-dire si elle augmente ou diminue) est essentielle pour ajuster les interventions visant à contrôler ou éliminer la maladie. Cependant, se fier aux cas cliniques qui arrivent dans les centres de santé n’est pas idéal, car de nombreux patients ne demandent pas de soins ou sont asymptomatiques. En revanche, les études transversales (c’est-à-dire la collecte de données auprès de plusieurs personnes en même temps) sont coûteuses et ne peuvent être réalisées que tous les deux ou trois ans.

Pour Alfredo Mayor, chercheur à ISGlobal et CISM, les femmes enceintes participant aux visites de soins prénatals constituent un groupe optimal pour surveiller la prévalence du paludisme et d’autres maladies infectieuses. “En Afrique subsaharienne, 79 % des femmes enceintes assistent à au moins une visite prénatale, ce qui représente une bonne représentation de la population totale”, note le maire. “De plus, les visites prénatales ont l’avantage de détecter les infections asymptomatiques car elles sont indépendantes du fait que la personne ne se sente pas bien.”

Dans cette étude, Mayor et son équipe ont mesuré la prévalence du paludisme chez 6 471 femmes enceintes participant à des visites de soins prénatals dans trois régions du sud du Mozambique présentant différents niveaux de transmission (Manhiça, Magude et Ilha Josina) et l’ont comparée à la prévalence estimée à partir de cas cliniques ou de études transversales chez les enfants, dans les mêmes zones et sur la même période (2016-2019).

Bonne corrélation temporelle et spatiale

L’analyse montre que les taux d’infection chez les femmes enceintes reflètent étroitement les taux chez les enfants issus d’études transversales, en particulier lorsque le parasite est détecté par des tests moléculaires (PCR). Avec les tests de diagnostic rapide, la corrélation est valable dans les zones à faible transmission (Manhiça ou Magude), mais se perd dans les zones à forte transmission (Ilha Josina) lorsque les femmes multigravides (qui ont eu plus d’une grossesse) sont incluses. Les femmes multigravides avaient une prévalence plus faible que les enfants de la communauté.

“En effet, l’immunité acquise lors des grossesses précédentes leur permet de maintenir de faibles densités parasitaires et d’échapper à la détection par les tests rapides, moins sensibles que la PCR”, explique Arnau Pujol, co-premier auteur de l’étude avec Gloria Matambisso.

Les résultats montrent également une bonne corrélation dans le temps entre la baisse des taux d’infection chez les femmes enceintes et celle des cas cliniques, bien qu’avec un décalage d’environ trois mois (c’est-à-dire que les taux d’infection chez les femmes enceintes ont suivi le même schéma que ceux des cas cliniques, mais avec un délai de 2-3 mois). Cette corrélation a été observée dans les trois sites, que la femme soit primigeste, multigeste ou séropositive.

Enfin, 60 % des foyers d’infection identifiés avec les cas cliniques ont également été retrouvés chez les femmes enceintes, grâce à un logiciel qui identifie les cas géographiquement proches.

“Notre étude montre que le dépistage de P. falciparum lors de la première visite de soins prénatals peut être utilisé pour estimer la charge de morbidité chez les enfants”, explique Matambisso. Cependant, les auteurs préviennent qu’il est important de prendre en compte le délai d’environ trois mois par rapport aux cas cliniques, ainsi que la nécessité d’exclure les femmes multigravides dans les zones à forte transmission ou d’utiliser des tests plus sensibles.

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